15 ans en terre d’accueil
15 jours après le séisme dévastateur de mon pays, j’ai pris route vers la République dominicaine à destination du Canada avec comme seul bagage mon espoir de survie. Dans le bus, assise à côté de mon mari, je voyais défiler les images de ma terre natale sans trop comprendre la raison de ce départ, disons plutôt de cet abandon.
Aujourd’hui encore je me pose la question, pourquoi???. J’ai peur que cette question reste à jamais sans réponse. Car en réalité j’avais pas abandonné Haïti mais plutôt suivre l’homme de ma vie qui lui avait décidé de partir, de laisser derrière lui ce désastre qui avait miné son esprit de photographe. 3 nuits passées en terre voisine ne m’ont pas permis de comprendre mon départ car j’étais oppressée par ceux que je laissais derrière moi et l’inconnu . J’étais pas à mon premier voyage, mais celui-ci avait le goût de la défaite.
28 janvier 2010, j’arrive au Canada sous une tempête de neige des plus marquantes. Quel baptême pour une fille des Caraïbes habituée au soleil et à la chaleur. L’exil est alors évident dans ma tête, il faut me trouver une raison d’accepter désormais cette mode vie en réparation de tout ce que le séisme m’a enlevé. 15 ans après, je suis toujours dans l’interrogation de mon départ d’Haiti. Je suis très reconnaissante envers cette nouvelle terre d’accueil et surtout ceux qui m’ont permis d’y vivre mais j’aurai aimé être mieux préparé. Aujourd’hui, je prend l’engagement d’accepter cette vie en terre étrangère et de travailler pour laisser un impact positif pour rendre fier mon pays d’adoption et surtout ceux qui ont facilité mon arrivée au Canada. Merci. Mes 15 prochaines années au Canada promettent d’être fructueuse.