Biographie

Michelle Latortue, Photo Colas

J’ai toujours eu une passion pour les mots et l’art de raconter des histoires. Depuis mon plus jeune âge, je caressais le rêve de capturer les récits qui se formaient dans mon esprit et de les partager avec le monde. Ce rêve, bien que mis en veilleuse par les détours de la vie, a toujours été un fil conducteur dans mon parcours.

Le 28 janvier 2010, seize jours après le séisme dévastateur qui a ravagé Haïti, j’ai immigré au Canada. Ce départ précipité, sans préparation psychologique, m’a laissée avec une profonde tristesse et une nostalgie durable, exacerbées par la perte de ma mère neuf mois après mon arrivée. Cette tragédie a rendu mon exil forcé encore plus difficile. J’ai traversé la République Dominicaine sans passeport valide ni visa, confrontée dès lors à la dure réalité des migrants. À travers cette épreuve, j’ai appris la véritable valeur de la résilience — une qualité essentielle pour tout exilé cherchant à se reconstruire.

La première phase de ma vie s’est déroulée en Haïti, marquée par mes études commerciales en Secrétariat à EFTEC, mes études universitaires en Sciences Politiques et Administration Publique à l’Institut National d’Administration et des Hautes Études Internationales (INAGHEI), ainsi qu’en Statistiques au Centre de Techniques de Planification et d’Économie Appliquée (CTPEA). Ces études m’ont permis d’intégrer l’Institut Haïtien de Statistique et d’Informatique (IHSI), où j’ai travaillé pendant huit ans, puis la Banque de la République d’Haïti (BRH) en tant que responsable du calcul de l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) à l’échelle nationale, poste que j’ai occupé pendant six ans.

Ma rencontre avec mon époux a toutefois changé le cours de ma carrière, Michelle Latortue, Photo Colasme poussant à démissionner pour entamer une nouvelle phase de vie dans l’entrepreneuriat. Avec lui, nous avons créé plusieurs entreprises, dont la plus emblématique, Image Nouvelle. Ensemble, nous avons marqué la scène culturelle haïtienne avec nos reportages pour des journaux comme Le Nouvelliste, Le Matin et Ticket Magazine. Notre site imagenouvelle.com est devenu un espace où j’ai enfin pu donner libre cours à ma plume, un talent que je cultivais en secret depuis mon enfance.

Cependant, les tumultes de la vie haïtienne m’ont conduite à faire d’autres choix, dont celui de reprendre des études à mon arrivée au Canada. Je me suis alors formée en Infographie/Mise en pages à l’IFP et en Santé, Assistance et Soins Infirmiers au CDI, exerçant en tant qu’infirmière auxiliaire pendant plus de neuf ans. Mais une maladie m’a forcée à prendre une retraite anticipée. Libérée par les circonstances, je suis revenue à mon premier amour : l’écriture.

Aujourd’hui, je me consacre pleinement à l’écriture de nouvelles et de récits qui explorent les thèmes de l’exil, de l’identité et de la résilience. Mon style littéraire, imprégné des influences d’auteurs haïtiens tels que Jacques Roumain et Dany Laferrière, se caractérise par une plume à la fois sensible et percutante, tissant des histoires mêlant réalité et fiction. À travers mes textes, je plonge mes lecteurs dans la complexité de l’expérience migratoire, exprimant les défis de l’intégration et la douleur de l’exil.

Je travaille actuellement sur plusieurs projets littéraires, dont un recueil de nouvelles retraçant les parcours souvent invisibles des migrants haïtiens. Bien que je sois reconnaissante envers ma terre d’accueil, je me sens toujours en exil. C’est dans l’écriture que je trouve la liberté de retourner autant de fois que je le souhaite dans mon cher Haïti, emmenant avec moi mes lecteurs à travers des récits empreints de culture et de résilience.