Haïti, qu’as-tu fait pour mériter un prix si lourd à payer ?

Depuis des décennies, tu portes sur ton dos une croix dont le bois est tissé de sang, de sueur et de larmes. Chaque goutte, chaque éclat de souffrance vient de tes propres enfants, ceux-là mêmes que tu as portés, nourris, élevés. Pourtant, au lieu d’être tes gardiens, ils s’acharnent sur toi comme des sangsues affamées, suçant le peu de vie qui te reste, t’empêchant de respirer. Et lorsque tu suffoques sous le poids de leurs ambitions dévorantes, ils s’étonnent de te voir chanceler.

On t’accuse d’avoir été trop généreuse, d’avoir offert à tes fils et filles un héritage de liberté qu’ils n’ont jamais su partager autrement que dans la division. Liberté mutilée, trahie, déformée, incapable d’apporter l’unité qu’elle promettait. Toi qui as fait trembler les trônes des oppresseurs, qui as inspiré tant de peuples à briser leurs chaînes, te voilà aujourd’hui enchaînée par tes propres enfants.

De la perle à l’épave

Hier encore, tu étais la Perle des Antilles, un joyau dont l’éclat attirait les regards du monde entier. Aujourd’hui, ton reflet s’est terni dans les eaux troubles du désespoir. Que reste-t-il dans tes entrailles ? Plus d’or, plus de richesses, plus de fierté, si ce n’est les carcasses fumantes de la haine. Tes terres autrefois fertiles sont devenues des champs de ruines, où la désolation pousse plus vite que le maïs.

Tes cris montent haut, mais n’atteignent personne. Ton ciel est obscurci par la fumée des maisons brûlées, des rêves consumés, des espoirs réduits en cendres. Tu voudrais crier “Assez !”, mais on t’a arraché la voix. Ceux qui parlent en ton nom mentent, trahissent et trompent, pendant que les véritables défenseurs de ta cause sont muselés ou réduits au silence. Ni chez toi, ni ailleurs, personne ne plaide pour toi. Comme si le monde entier avait décidé que ton sort était scellé, irréversible, inéluctable.

L’espoir, une braise sous les cendres

Mais Haïti, je t’entends. Dans le tumulte de ta souffrance, je perçois encore un battement, un souffle, une lueur. Je ne sais pas quand ni comment viendra ta délivrance, mais je sais qu’elle viendra. Car un peuple qui a su se lever contre les plus grandes puissances ne peut pas être condamné à ramper éternellement.

Tu ne peux plus souffrir ainsi, Haïti. Tu ne peux plus mourir. Il y a, sous tes décombres, un feu qui ne s’éteint pas, un peuple qui refuse de sombrer. L’histoire ne t’a pas oubliée. Alors tiens bon, relève-toi, car même dans les ténèbres les plus épaisses, l’aube finit toujours par se lever.

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