Kreyòl, lanbi rasanbleman nou
C’est au cœur du Musée des Mémoires Montréalaises (MEM) qu’a été donnée, le samedi 4 octobre, l’ouverture officielle de la 24e édition du Mois du Créole à Montréal, une initiative vibrante portée depuis plus de deux décennies par le KEPKAA fondé par Pierre-Roland Bain. Et c’est autour d’un slogan aussi poétique que percutant que la soirée s’est articulée : « Kreyòl, lanbi rasanbleman nou ».
Dès son lancement par Sarel Bey, animatrice de la soirée et porte-parole de l’événement, cette formule a résonné comme une invocation identitaire, un appel au rassemblement autour de la langue et de la culture créole. Tel le lambi — ce coquillage soufflé lors des rassemblements dans la Caraïbe — le créole devient ici instrument d’unité, voix commune et mémoire vivante.
« Kreyòl se lanbi rasanbleman nou » : une simple phrase — un slogan fort — mais toute une philosophie. Ça nous rappelle que notre langue maternelle n’est pas seulement un outil de communication, mais un lieu d’appartenance, un territoire symbolique qui réunit les peuples créolophones au-delà des frontières géographiques, historiques et politiques.
Et quoi de mieux pour incarner cette communion culturelle que la musique ? Le public venu nombreux a eu droit à un concert d’exception : un dialogue musical envoûtant entre Jacques Schwarz-Bart (Guadeloupe), maître du saxophone jazz, et Grégory Privat (Martinique), pianiste à la sensibilité contemporaine. Ensemble, ils ont offert un concert immersif traversé de racines afro-caribéennes, de souffle mystique et de virtuosité épurée. Un véritable voyage à travers les paysages sonores de la créolité.
Cette soirée d’ouverture fut bien plus qu’un événement culturel. C’était une déclaration, une célébration de ce que nous sommes : des êtres de mémoire, de lutte et de beauté. À travers le créole, nous affirmons notre humanité et notre présence dans le monde.
Et cette présence, le Mois du Créole à Montréal la rend visible, audible et surtout vivante. En lançant la 24e édition avec ce mot d’ordre fort, le KEPKAA nous invite à écouter le lambi de notre langue, à répondre à son appel et à marcher ensemble anrasine nan kreyòl.